mercredi 17 novembre 2010

L'odyssée de la monnaie

Lorsque je suis déménagée à Montréal il y a de cela quelques années, je voulais absolument vivre dans le centre-ville, pour être proche de l'action. Par action, je pensais salles de spectacles, festivals, bars et restaurant.  Je ne pensais pas aux mauvais côtés, en fait j'y pensais inconsciemment, mais je ne voulais pas y penser, faisant de moi par le fait même une autruche. Et l'autruche a perdu quelques plumes mais ne s'est pas fait plumer. Je m'explique:

Comme susmentionné, je vis au centre-ville. Pour me rendre au travail, je dois donc marcher d'Amherst à Berri et ainsi prendre le métro Berri-Uqam. Sur mon chemin se trouvent plusieurs itinérants, que je croise jour après jour. Je reconnais chacun d'eux, bien sûr, même quand je dors en marchant à 6h du matin, un café dans une main et un portable dans l'autre. Eux, par contre, ne me reconnaissent aucunement, ou alors ils font montre d'une mauvaise foi très évidente!  Donc, allons-y clodo par clodo, en suivant mon itinéraire.

Le premier, que j'appelle affectueusement Le Puant (dans ma tête bien sûr), dors toujours dans l'entrée de mon bloc appartement, avachie sur une pile de circulaires et ne pouvant aller plus loin car heureusement la deuxième porte a une serrure. Le Puant dort comme un loir (un loir étant un petit rongeur hibernant, au pelage gris, qui se nourrit de fruits et de graines, définition qui sied assez bien à cet homme) quand je dois sortir de chez moi. Alors, gentiement, je dois pousser la porte pour qu'il se tasse un peu et que je puisse partir. Plutôt que de m'ignorer, puisqu'il me voit passer souvent, et qu'à chaque fois je l'ignore, il tend sa main en murmurant: ''Vous n'auriez pas un peu de change pour manger?'' Je me retourne invariablement vers lui, je pousse même l'audace jusqu'à diriger ma main vers mon porte-monnaie, lorsque j'aperçois une canette de bière vide dans son autre main. Hum Hum....Nous n'avons plus la même nourriture qu'avant! Alors je m'éloigne et continue mon périple matinal. 

Je marche sur Ontario, d'un pas pressé. Assise sur un bac à fleurs en bois, devant l'épicerie, Madame clope me regarde arriver, les yeux plissés, cherchant à détecter si j'ai une cigarette à la main, pour m'en demander une. Évidemment je n'en ai pas, j'ai vite appris à ne jamais sortir mon paquet de cigarettes sur certaines rues, car certains se prennent pour des mouettes et tourne autour des fumeurs dans l'espoir de les dépouiller de leur précieux paquet. Donc quand je passe devant Madame clope, elle me dévisage comme si je lui faisais un affront personnel en ne fumant pas. Elle me demande alors un peu de monnaie, pour manger. Oh que les gens sont affamés dans mon quartier! Incroyable. Je l'ignore et poursuis mon chemin­.

La vidéo suivante illustre bien ce que je vis chaque jour ou presque.





Nous nous retrouverons au coin Berri et Ontario pour la suite de ce périple.
À suivre...

1 commentaire:

  1. Salut Christine,

    Avez-vous parlé de votre périple de Montréal à Saint-Césaire à votre grand-mère ? On dirait qu'aucun moyen de transport (même à pieds) ne devient agréable en cet automne devenu presque hiver... Mais c'est drôle (pour le lecteur en tous cas !).

    J'espère pouvoir lire encore plusieurs de vos billets d'ici la mi-décembre.

    Bonne continuation et bonne fin de trimestre.

    PL

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