Mes messages précédents ont pu laisser sous-entendre que je n'aimais pas les transports en commun. Ce qui est archi faux. C'est une partie des gens qui les utilisent que je n'aime pas. Ceux qui ne savent pas vivre. Mais je me rétracte en partie: ce n'est pas mieux sur la route et les gens ne sont pas plus cordiaux. Je m'explique:
Samedi après-midi. Je me sens nostalgique et légèrement coupable; je ne suis pas allée voir ma grand-mère depuis quelques mois déjà au centre pour personnes âgées où elle est maintenant ''placée''. Et je me comprends dans le fond de ne pas y être allée, ce n'est pas l'endroit où j'ai le plus de plaisir à aller sur la Terre, une salle trop éclairée, triste, avec des personnes âgées cordées, où seulement le bruit du téléviseur et quelques toussotements viennent rompre le silence. Mais bref, en ce samedi après-midi je me décide, j'y vais.
Mon copain me prête sa voiture, et hop, en route pour St-Césaire. Je sors du stationnement, regarde à gauche, à droite, puis encore à gauche (la leçon que mes parents m'ont apprise enfant à fait son effet on dirait...). Comme je commence à avancer, un cycliste, en Bixi on doit le préciser, sans casque, avec des sacs d'épicerie accrochés au volant, le pantalon presque pris dans le dérailleur, filant dans le vent, surgit devant moi. Bien entendu, réflexe, j'appuie sur le frein et il passe à 5 centimètres du devant de la voiture. Pourquoi, oh, pourquoi, cyclistes en Bixi inconscients, roulez-vous à contre-sens, alors que de l'autre côté de la rue se trouve une magnifique piste cyclable spécialement aménagée pour vous? Bref, encore une fois gauche, droite, gauche et je sors.
Et s'ensuit une suite de mésaventures. Je conduis tranquillement sur René-Lévesque, en direction de l'autoroute Ville-Marie et je fredonne une vieille chanson rock. Je m'arrête à une lumière rouge. Une Civic blanche se place à ma gauche, la musique ''dans le tapis''. Un jeune, casquette sur le côté et pantalon sous les fesses (j'imagine, car ce n'est pas visible dans une voiture, mais c'est évident) est au volant. La voie de gauche est réservée aux virages à gauche, c'est bien connu. Alors je ne m'attends aucunement à ce que cet idiot, aussitôt la lumière devenue verte, mette le gaz à fond et me dépasse, pour aller se placer devant moi. Résultat: semi-crise cardiaque de ma part. Je roule toujours, me remettant lentement de mes émotions. Le pont Champlain apparaît dans mon champ de vision. Les voitures roulent rapidement. Tout à coup, les voitures s'arrêtent. Je mets les freins, en espérant que la voiture s'arrête à temps, car un accident n'était pas prévu dans mon agenda de la journée. La chance est de mon côté, la voiture s'immobilise et aucune des automobiles qui me suivait ne me rentre dedans. Bouchon de circulation.
C'est bien ma veine. Heureusement, il ne fait ni trop chaud ni trop froid, c'est le seul point positif. Donc j'attends de pouvoir avancer à une vitesse raisonnable...pendant longtemps....Embraye, gas, frein, embraye, gas, frein....et l'animateur de radio qui me tombe de plus en plus sur les nerfs...et embraye, gas, frein....Une heure et des poussières plus tard, le pont est traversé, j'ai réussi à contenir ma frustration, néanmoins une petite veine palpite au coin de mon oeil. Ça devrait passer. Je roule pendant une dizaine de minutes, et, encore une fois, bouchon. Non!?! Mais qu'ai-je fait de mal pour mériter un tel calvaire? Évidemment rien, mais je suis en droit de me poser la question tout de même! J'écourte mon récit de avance-arrête-avance-arrête, question de ne pas revivre ce dur moment une autre fois.
Vingt minutes plus tard, je reprend ma vitesse de croisière et, me dis-je, ma sortie ne doit plus être loin! Prévoyante que je suis, avant mon départ, j'ai imprimé une belle petite carte avec Google Map. Le seul problème est que je l'ai oubliée. Eh oui, je suis parfois dans les nuages. Plutôt que de m'arrêter sur l'accotement, de me rouler en boule et de pleurer, je me concentre et essaye de me rappeler le numéro de la sortie. Je l'ai tout de même vue cette carte! Les chiffres défilent, 86? Non...plus bas...68? Hum, peut-être. Je me souviens finalement que la technologie existe et j'appelle à la maison pour me faire dicter le chemin. Évidemment mon copain se fout de ma gueule et, une fois qu'il a fini de rire, me dicte le chemin, que je note dans ma main.(Peu de danger que j'oublie ou que je perde ma main quelque part!)
Finalement j'arrive devant la résidence et me stationne. Je passe quelques temps avec ma grand-mère, remet mon manteau et sort. Je regarde la voiture, découragée. Espérons que le chemin de retour se passera mieux...
Allons-y d'un petit conseil à tous ceux qui ne savent pas conduire, que ce soit un vélo, une voiture ou une soucoupe volante: restez chez vous! La vie en voiture est trop dure! Et je vais m'en donner un en même temps: fais donc la même chose!