lundi 29 novembre 2010

L'odyssée de la monnaie, partie 2

Où vous avais-je donc abandonnés? Ah oui, au coin des rues Berri et Ontario. Donc Le Puant et madame clope sont derrières moi. Je tourne donc sur Berri, direction la station de métro Berri, qui se cache sous la gare centrale d'autobus. Je marche tout à côté de l'îlot voyageur de malheur, perpétuellement en non-construction.

J'ouvre une parenthèse ici, car j'ai quelquechose sur le coeur: Pourquoi commencer un projet qu'on ne peut pas finir? Cette  construction, laissée en plan depuis 2007, me fait souvent rager, et ce n'est pas une question d'argent, c'est une question d'eau. Eh oui, d'eau, car les jours de pluie, l'eau s'accumule je ne sais trop où dans la structure. Et le lendemain, qui doit traîner un parapluie malgré le soleil plombant? Moi! Car l'eau tombe à grosses gouttes sur le trottoir, sur nous, les pauvres passants! Désagréable. Fin de la parenthèse.

Donc, une fois passée sous les chutes d'eau de l'îlot, j'arrive devant le terminus d'autobus. Un itinérant, que je n'ai pas nommé car il y a trop de roulement à cet endroit, me demande si je n'ai pas 50 cents pour téléphoner. Pour faire une histoire courte, il doit se rendre chez sa mère à Mont-Laurier. Son père l'a laissé à la gare d'autobus, mais il a oublié son billet dans la voiture. Ce pauvre gars est donc abandonné là et il n'a pas assez d'argent pour s'acheter un autre billet. (Vous devez visualiser ici que j'essaie discrètement de me pousser, reculant pas à pas vers la porte.)  Il veut donc appeler son père pour qu'il revienne lui porter son billet. Mais bon, j'ai un côté naïf, alors je l'écoute pendant que je me pousse en douce. Je lui dis donc gentiment que je n'ai pas de monnaie. Ma naïveté tombe d'un coup quand il me répond, et je cite: ''Si t'as juste du papier, j'peux te donner du change...''. Ferme les guillemets et fin de la citation. Euh...ok, tu veux du change mais tu peux me donner du change? Hum hum...ça force la réflexion toute cette histoire. Un seul mot: arnaqueur. J'oublie toute subtilité, je pousse un ''pfff'' bien sentit et un peu méprisant, je tourne les talons et j'entre dans la gare. 

Toujours un peu insultée d'avoir perdu 3 minutes de ma vie, je me dirige vers les escaliers qui me mèneront vers les tourniquets du métro. Je descends prestamment, car mon autobus, à Square-Victoria ne m'attendra pas, lorsque j'aperçois les portes en bas de l'escalier. Quoi? Mais où est Monsieur Gentil, celui qui m'ouvre la porte tous les matins? À sa place se trouve plutôt Metal Death, jeune désabusé, fourche de pantalons nettoyant le sol et bottes capées rapiécées. Je le sens, il m'attend avec une brique et un fanal. Je vais lui donner du change, de cette manière il ne me tabassera peut-être pas! Quand je me pointe devant lui, même pas l'ombre d'un sourire sur son visage, même pas un petit bonjour. Pfff, alors non, je ne lui donne pas de change et je me dépêche à m'enfuir!

Je descends donc à 10,7 mètres sous terre et j'attends le métro. Un jeune homme va de personne en personne pour demander 50 cents pour téléphoner. Est-ce vraiment pour téléphoner? Il n'a pas le temps de se rendre à moi, car une jeune fille a la gentillesse de lui donner ce qu'il demande. Il se dirige alors vers le téléphone sur le mur, insère la monnaie dedans, fait semblant de composer un numéro, attend quelques secondes et raccroche. Il reprend sa monnaie et part. Hum hum...encore une fois une belle arnaque! À qui peut-on se fier de nos jours?

Bref, je prend le métro, qui daigne se pointer, je vais attendre l'autobus au froid et je vais sûrement passer une excellente journée au travail....au moins je ne suis pas plus pauvre qu'au lever!





mercredi 17 novembre 2010

L'odyssée de la monnaie

Lorsque je suis déménagée à Montréal il y a de cela quelques années, je voulais absolument vivre dans le centre-ville, pour être proche de l'action. Par action, je pensais salles de spectacles, festivals, bars et restaurant.  Je ne pensais pas aux mauvais côtés, en fait j'y pensais inconsciemment, mais je ne voulais pas y penser, faisant de moi par le fait même une autruche. Et l'autruche a perdu quelques plumes mais ne s'est pas fait plumer. Je m'explique:

Comme susmentionné, je vis au centre-ville. Pour me rendre au travail, je dois donc marcher d'Amherst à Berri et ainsi prendre le métro Berri-Uqam. Sur mon chemin se trouvent plusieurs itinérants, que je croise jour après jour. Je reconnais chacun d'eux, bien sûr, même quand je dors en marchant à 6h du matin, un café dans une main et un portable dans l'autre. Eux, par contre, ne me reconnaissent aucunement, ou alors ils font montre d'une mauvaise foi très évidente!  Donc, allons-y clodo par clodo, en suivant mon itinéraire.

Le premier, que j'appelle affectueusement Le Puant (dans ma tête bien sûr), dors toujours dans l'entrée de mon bloc appartement, avachie sur une pile de circulaires et ne pouvant aller plus loin car heureusement la deuxième porte a une serrure. Le Puant dort comme un loir (un loir étant un petit rongeur hibernant, au pelage gris, qui se nourrit de fruits et de graines, définition qui sied assez bien à cet homme) quand je dois sortir de chez moi. Alors, gentiement, je dois pousser la porte pour qu'il se tasse un peu et que je puisse partir. Plutôt que de m'ignorer, puisqu'il me voit passer souvent, et qu'à chaque fois je l'ignore, il tend sa main en murmurant: ''Vous n'auriez pas un peu de change pour manger?'' Je me retourne invariablement vers lui, je pousse même l'audace jusqu'à diriger ma main vers mon porte-monnaie, lorsque j'aperçois une canette de bière vide dans son autre main. Hum Hum....Nous n'avons plus la même nourriture qu'avant! Alors je m'éloigne et continue mon périple matinal. 

Je marche sur Ontario, d'un pas pressé. Assise sur un bac à fleurs en bois, devant l'épicerie, Madame clope me regarde arriver, les yeux plissés, cherchant à détecter si j'ai une cigarette à la main, pour m'en demander une. Évidemment je n'en ai pas, j'ai vite appris à ne jamais sortir mon paquet de cigarettes sur certaines rues, car certains se prennent pour des mouettes et tourne autour des fumeurs dans l'espoir de les dépouiller de leur précieux paquet. Donc quand je passe devant Madame clope, elle me dévisage comme si je lui faisais un affront personnel en ne fumant pas. Elle me demande alors un peu de monnaie, pour manger. Oh que les gens sont affamés dans mon quartier! Incroyable. Je l'ignore et poursuis mon chemin­.

La vidéo suivante illustre bien ce que je vis chaque jour ou presque.





Nous nous retrouverons au coin Berri et Ontario pour la suite de ce périple.
À suivre...